Biographie

Dans la cour de l’école, nous tenant par l’épaule, avec Philippe, nous construisions des machines extraordinaires, des catapultes, des fusées, des satellites…

Et c’est adolescent et malade, que j’ai commencé à dessiner et à peindre. Hasard de la vie, c’était en mai 68, j’avais 14 ans…

Jeune, l’époque peut-être, j’ai abordé la peinture et l’écriture de manière très libre, très déliée, et cela m’a été utile pour la suite. Ces dix années de pratique de jeunesse m’ont appris beaucoup : être ouvert, attentif au monde, chercher à ses frontières et aux nôtres, libérer mon geste et savoir que la beauté ne se fabrique pas, mais se découvre.

Alors, la vie a fait sa « Rolling stone ». Et j’y tenais une posture contradictoire. Doué en mathématiques, en philosophie j’aimais apprendre, j’étais curieux de littérature, de poésie, de musique… et des merveilles sous les jupes des filles.
J’ai choisi de suivre une formation scientifique : classes préparatoires aux grandes écoles puis école d’ingénieur. Mais aussi, libertaire et situationniste, j’ai décidé d’être objecteur de conscience, de refuser le « service militaire », passage obligé de l’époque… Je pratiquais « l’action painting » et je découvrais Bosch, Le Greco, Zurbaran et Picasso, Mondrian, Tobey, Max Ernst et Rothko. J’écoutais Bach, Philip Glass et Varese. Je lisais Freud, Wilhelm Reich et les poêtes surréalistes…
Lorsque j’avais vingt ans, tout était déjà là, je cherchais en mon centre, je le savais. Les terres de l’enfance étaient restées ouvertes et l’inconscient affleurait partout.

Alors à nouveau, pour être libre et indépendant, il a fallu choisir. J’ai rangé mes pinceaux et mes couleurs, je n’ai conservé que quelques textes, quelques dessins et peintures et je suis parti de par le monde faire l’ingénieur, concevoir et construire des « systèmes d’information » complexes, très complexes quelquefois. J’ai aimé l’élégance de leur conception. J’ai aimé leurs voyages. J’ai aimé piloter ces grandes équipes bâtissant des systèmes qu’aucun de ses membres ne maîtrise seul. J’ai aimé m’y bagarrer. Autant que je me souvienne, on y travaillait beaucoup, on y riait beaucoup, et ça marchait drôlement bien !!

Mais, je ne cherchais plus tout à fait en mon centre et cela me manquait. Pour d’autres raisons, j’avais commencé une psychanalyse qui est bien vite devenu mon laboratoire de recherche, mon terrain d’exploration. J’y ai connu les rebonds des images et des mots. J’y ai été surpris par les échanges souterrains du sens et je suis resté vivant.
J’y ai aussi compris que très peu de choses m’intéressent vraiment.

Alors en 2001, j’ai décidé de faire un break dans le surmenage chronique de ma vie professionnelle pour reprendre mes recherches artistiques. J’ai trouvé un atelier à côté de chez moi à La Défense et me suis remis au travail… J’ai repris le dessin et me suis formé aux techniques des peintures du 17ème siècle. Cherchant un chemin nouveau pour aborder la peinture figurative en cette fin de 20ème siècle, j’étais fasciné par la qualité, la profondeur de leur matière picturale. Qualité de la préparation des supports, superposition de couches picturales traitées en transparence…

En parallèle, j’ai continué à travailler sur une approche très libre du geste pictural, et à confronter cette approche avec des protocoles de composition très minimalistes. Cela a débouché sur mes séries de compositions carrées, paysages réels, paysages de la pensée, aux limites de l’abstraction.
Et depuis, en continuant à travailler, à progresser, mon approche artistique se clarifie : c’est le travail que j’ai mené ces dernières années sur l’humanité face à ses paysages et sur mes polychromes.
Ce sont les résultats de ces recherches qui sont, pour l’essentiel, présentées dans ce site internet.